Du relevé traditionnel aux expertises numériques
Aujourd'hui, l'architecte du patrimoine est très souvent sollicité pour effectuer des expertises sur des structures à grande valeur patrimoniale de tout genre. Ce travail minutieux peut être divisé en deux grandes étapes : la prise de connaissance du bâtiment dans son état actuel (l'observation des symptômes et désordres) et l'identification des solutions possibles (le diagnostic et le traitement).
La prise de connaissance du passé de l'édifice depuis sa construction permet d'identifier, lors de l'inspection du bâtiment et du site sur lequel il repose, les caractéristiques à préserver et la composition des systèmes constructifs existants. Par la suite, l'identification des symptômes et désordres sont quantifiés par compilation. L'analyse des données permet d'effectuer le diagnostic et d'orienter les décisions quant aux interventions, à savoir si l'approche sera plus minimale en réparant les composantes existantes ou si l'approche sera plus interventionniste en remplaçant et en restaurant des composantes disparues du passé. Le diagnostic de l'état du bâtiment permet d'identifier l'approche d'intervention patrimoniale la plus appropriée.
Indéniablement, depuis quelques générations, les nouvelles technologies se manifestent, s'imposent et s'intègrent dans le métier du premier art. Traditionnellement, les architectes du patrimoine ont recours à la recherche documentaire, iconographique et historique pour une grande partie de leur travail. Il en demeure que plus le temps passe, et ce malgré tous les efforts, plus il est difficile de retrouver les informations d'origine pour certains types de bâtiments. Au travers des époques, les édifices continuent d'évoluer et de subir de nombreuses transformations, ce qui rend plusieurs de ces sources inexactes et désuètes. L'architecte doit ainsi se recentrer sur la meilleure source d'information existante : le bâtiment lui-même.
Autrefois, l'ensemble des investigations aurait été fait à la main. C'est-à-dire, la prise de mesure avec le ruban à mesurer, les relevés au papier, crayon, équerre, etc. Actuellement, la technologie numérique permet la génération des images en 2D et en 3D et elle permet aussi la gestion des données recueillies et des différentes nouvelles méthodes d'investigation. Par exemple, les relevés par balayage laser créent des nuages de points illustrant précisément les dimensions d'un bâtiment en 3D (incluant toutes ses déformations et anomalies structurales); les relevés photographiques et thermographiques faits par des drones illustrent les symptômes et le comportement d'un édifice sous différentes conditions; les relevés hygrothermiques avec des sondes permettent nombreuses simulations à travers les parois des murs selon leurs compositions; les relevés écho radar permettent la compréhension des compositions intérieures sans avoir recours à des percées exploratoires destructives.
De la même façon que les professionnels de la santé effectuent des rayons X, des écographies, des endoscopies et des prises de sang pour analyser l'invisible, les architectes du patrimoine examinent les édifices en réalisant divers types de relevés et échantillonnages de matériaux pour analyse en laboratoire. Cela dit, certaines méthodes traditionnelles comme les inspections rapprochées, les ouvertures exploratoires et les relevés au maillet demeurent de loin des méthodes traditionnelles efficaces à l'épreuve du temps.
Incontestablement, l'architecte du patrimoine évolue et s'adapte employant une combinaison de techniques traditionnelles de relevé avec le soutien des nouvelles technologies, permettant la gestion d'une grande quantité de données qui sont compilées et qui permettent d'identifier les tendances sur chacune des façades selon les différentes expositions aux intempéries. Pour comprendre davantage sur la cueillette et la gestion de ces données, lisez-nous samedi prochain!