En très grande demande aujourd'hui, la profession spécialisée de l'architecte en patrimoine est une profession qui est de nos jours, encore méconnue. Au même titre qu'un médecin pour le patient, l'architecte en patrimoine évalue et analyse l'état du bâtiment. Il doit observer, lire, mesurer et interpréter les symptômes que le bâtiment devant lui présente. Selon son évaluation, celui-ci interviendra pour documenter, conserver et protéger les éléments à grande valeur patrimoniale ainsi que pour assurer la pérennité de ce dernier.
Un bon architecte en patrimoine saura hiérarchiser les différentes couches et amalgames d'un bâtiment existant. La bonne lecture de l'état des différents éléments guidera les interventions au bâtiment, tant en préservation, en restauration qu'en démolition. Une fois que l'architecte aura identifié la maladie que le bâtiment présente, il interviendra en conséquence et établira une posologie. Parfois, face à des cas urgents, le professionnel devra déterminer les interventions prioritaires qui devront être effectuées pour sécuriser et sauvegarder le bâtiment. La préservation de ces bâtiments passe également par une multitudes d'interventions, de « soins », dans le but d'entretenir, d'améliorer la qualité, augmenter la longévité et assurer la mise en valeur.
Visionnaire, l'architecte en patrimoine applique depuis toujours les principes du développement durable par la réutilisation, la restauration et la revalorisation de notre patrimoine bâti. En effet, ce dernier préconise l'utilisation des matériaux locaux et de la main-d'œuvre impliquant le savoir-faire local. Tout matériau existant et en bon état sera réutilisé.
Du patrimoine moderne au plus ancien, dans sa carrière, l'architecte en patrimoine sera porté à analyser et à intervenir sur des objets, des meubles, des finis, des couleurs, des matériaux, des fenêtres, des portes, des toitures, des planchers, des sites et des paysages historiques urbains et ruraux. En effet, l'architecte en patrimoine doit être d'une grande polyvalence puisqu'il intervient sur des bâtiments tels des églises et des monastères en maçonnerie jusqu'aux granges et maisons ancestrales en bois qu'on retrouve en milieu rural.
L'architecte du patrimoine est en constante évolution avec son milieu. Qu'il s'agisse de recherche, d'implantation de nouveaux matériaux et de nouvelles façons de faire. La technologie d'aujourd'hui propose de nouvelles méthodes de travail et de nouvelles collaborations avec des experts, notamment en « BIM — Building information modeling ». Actuellement, la prise de données laser peut être effectuée par des drones qui permettent de documenter ces bâtiments en le modélisant pour créer des maquettes virtuelles en trois dimensions. Il en revient à l'architecte de considérer les avantages de ces outils et la pertinence de ceux-ci dans sa pratique traditionnelle.
Face à tout diagnostic en patrimoine, l'architecte doit savoir bien s'entourer afin de couvrir chaque spécialité concernée. Car l'architecture du patrimoine demeure, en soi, un travail d'équipe. L'architecte spécialisé sera amené à collaborer avec un éventail d'intervenants provenant de divers domaines. À part la coopération bien connue avec les ingénieurs en structure, en électricité, en mécanique et en civil, les architectes en patrimoine collaborent couramment avec d'autres experts. Par exemple, des experts en décontamination et gestion des déchets, des archivistes, des historiens, des archéologues, des arpenteurs géomètres, des biologistes, des sculpteurs, des restaurateurs, des plâtriers, des menuisiers, des tailleurs de pierre, des maçons, des ferblantiers, parmi tant d'autres artisans. Dans un prochain texte, nous démystifierons les liens entre l'architecte en patrimoine et tous ses collaborateurs.
Photos: STGM Architectes