Cette semaine, l’hiver a fait son arrivée brutalement. Il a fallu sortir bottes, tuques et mitaines, déneiger les voitures, déblayer entrées et perrons. Chaque année, notre vie est un peu bouleversée par son arrivée. Imaginez sur un chantier de construction. Les conditions de chantier hivernales font partie intégrante de notre industrie. Mais la récurrence de cette condition particulière n’en fait pas moins une épreuve difficile à traverser.
D’abord du point de vue de la sécurité des travailleurs, la neige, la glace et le froid rendent les lieux de travail périlleux. À la suite de chaque bordée, il faut déneiger et s’assurer que chaque endroit reste accessible et sécuritaire. La glace qui s’accumule au sol ou sous forme de stalactites doit être brisée et évacuée afin d’éviter les accidents. La machinerie, tout comme une voiture, doit être déneigée et les fenêtres, dégivrées, tandis que les voies de circulation doivent être balisées. La pression des pneumatiques, l’état des batteries et le niveau des fluides sont à surveiller plus régulièrement afin d’assurer leur bon fonctionnement. Quant à eux, les travailleurs doivent, à chaque jour, effectuer des tâches parfois complexes qui demandent force, attention et agilité et ce dans des conditions extrêmes.
S’ajoute à cette longue liste, la complexité qu’imposent les températures froides sur l’installation de certains matériaux. Les ouvrages qui normalement se font aisément à l’extérieur comme, par exemple, les travaux de maçonnerie ou les coulées de béton, doivent se faire sous bâche et dans des espaces chauffés. Les adhésifs perdent leur adhérence, certains matériaux passent de ductiles à fragiles, et les métaux qui se contractent ne sont que d’autres exemples.
Travailler sur un chantier en hiver impose donc un lot de contraintes important, ce qui a souvent un impact à la fois sur les coûts et sur les échéanciers. Certaines méthodes de construction comme la préfabrication modulaire peuvent éviter une bonne partie de ces désagréments. Pendant que la tempête fait rage à l’extérieur, les travailleurs installent parements, fenêtres et toitures, bien au chaud à l’intérieur dans un environnement sécuritaire, les deux pieds par terre. Cette méthode favorise également l’atteinte d’un haut niveau de qualité, les ouvriers pouvant se concentrer uniquement sur la tâche à accomplir et non sur leurs mains gelées, le harnais bloqué par la glace ou le givre dans leurs lunettes de sécurité.
Malheureusement, contrairement à l’hiver et à la neige, la préfabrication ne fait pas encore partie de notre culture et pour le moment, elle demeure marginale comparativement au mode de construction traditionnel. La rareté de la main d’œuvre, les échéanciers de plus en plus serrés et les avancés technologiques devraient, au cours des prochaines années, faire de la préfabrication un mode de construction de plus en plus populaire. Même en étant habitués aux conditions extrêmes de notre saison hivernale, plusieurs travailleurs apprécieraient certainement pouvoir exercer leurs métiers dans des conditions moins difficiles. En attendant, nous profitons de cette première neige pour leur souhaiter un doux hiver.
Photo: Emma Babineau et Stéphan Langevin