J’ai assisté le 28 mars dernier au colloque organisé par Bâtiment durable Québec Les défis du bâti existant. Parmi les conférences présentées, j’ai été particulièrement interpellée par les concepts applicables à grande échelle, car devant l’ampleur du défi mondial de la décarbonation, une solution de masse me parait essentielle.
En ce sens, le premier conférencier, Frank Suerich-Gulick, a présenté la démarche du groupe de recherche ReCONstruct qui vise justement à développer des principes de rénovation énergétique pouvant être mis en application rapidement et sur tout notre territoire. Entre l’idéalisme et le concret, la démarche à débouché sur l’idée de revêtir notre parc immobilier vieillissant d’une nouvelle peau hautement performante. En s’appuyant sur la préfabrication (rapidité, optimisation des ressources), mais adaptée à chaque cas de figure (relevés précis, modélisations hygrométriques), il serait ainsi possible d’améliorer significativement l’efficacité énergétique d’un grand nombre de bâtiments de nature sérielle (tours d’habitation, petit bâtiments institutionnels et industriels standards, etc.). Bien que l’idée ne s’applique qu’à un nombre limité de types de construction, il faut considérer que ces quelques types sont très répandus et en grande quantité au Canada (et dans le monde). Il y a également les enjeux constructifs liés au dédoublement de l’enveloppe (jonctions, gestion de l’humidité, des vides de construction), mais l’humain est ingénieux et je suis plutôt optimiste qu’il saura développer des solutions techniques pour limiter les risques.
Finalement, il a été intéressant de faire des parallèles entre cette présentation et celle exposant l’étude de cas de la tour Ken Soble, une tour d’habitation des années 60, car cette dernière a fait l’objet d’une rénovation énergétique avec l’ajout d’une nouvelle enveloppe plus performante, par l’extérieur et en conservant le parement de brique d’origine dans les murs.
Ayant été confrontée dans les dernières années à la difficulté de requalifier des bâtiments existants pour des raisons de changements d’usages peu compatibles avec les configurations et capacités du bâtiment existant et des mises aux normes invasives exigées par les codes en vigueur, je n’ai pas trouvé dans ce colloque de pistes concrètes pour faciliter ce type de projet. Je reste donc avec mes constats qui ont été alimentés par les discussions avec collègues et collaborateurs, à savoir : conserver un usage similaire à celui pour lequel le bâtiment fut conçu et éviter de modifier le système de reprise des charges dans les portions de bâtiment conservées. Sinon, on se retrouve à démolir tellement d’éléments et à en construire de nouveaux, que la requalification en perd son sens.
Dans tous les cas, il faut persévérer pour trouver des solutions nous permettant de conserver au maximum notre cadre bâti, pour des raisons environnementales (utilisation des ressources), mais aussi sociétale (savoir-faire des métiers, valeurs identitaires et historiques, qualité des espaces urbains, etc.)
Crédit photo: Codrin Talaba / ERA Architects