Les projets patrimoniaux sont souvent complexes et ponctués de plusieurs enjeux, comme c’est le cas pour l’agrandissement de l’Auberge Saint-Antoine dans le bâtiment historique de la Union Bank. Le projet vise à ajouter 25 chambres supplémentaires, des espaces spa et bien-être, ainsi que des espaces pour les employés dans le bâtiment de la Union Bank, voisin de l’Auberge. Le point d’orgue du projet sera toutefois la construction d’un restaurant et d’une terrasse au toit qui offriront des vues spectaculaires sur le fleuve et le Vieux-Québec.
Localisé dans un site patrimonial mondial désigné par l’UNESCO, le secteur comporte des ressources archéologiques d’un intérêt exceptionnel remontant au tout début du 17e siècle. De la surveillance et des fouilles archéologiques sont donc nécessaires dans le cadre des travaux d’excavation au sous-sol de l’édifice. Une équipe de plus de huit archéologues d’Artéfatuel, une coopérative de consultants en archéologie, s’affairent donc au chantier depuis le mois de février afin de surveiller l’excavation et réaliser des fouilles archéologiques à la pelle et la truelle.
On y retrouve notamment des vestiges de la première batterie Dauphine construite en 1701, qui est un ouvrage militaire faisant partie intégrante du système défensif de Québec, avec les fortifications de la Haute-Ville. La batterie était un quai de maçonnerie fortifié et équipé de plates-formes à canon pour assurer la défense du port. On retrouve d’ailleurs une section de cet ouvrage dans l’Auberge Saint-Antoine, où elle a été intégrée à l’architecture du bâtiment.
Durant la première moitié du 18e siècle, le terrain fut occupé par une maison marchande construite sur des voûtes souterraines servant à l’entreposage de vivres et de marchandises. Ces voûtes sont toujours présentes dans le sous-sol de l’édifice. Puis, plusieurs quais ont été construits toujours plus loin vers l’Est, repoussant ainsi la ligne d’accostage afin d’améliorer la défense du port de Québec. L’empiètement graduel vers l’intérieur du fleuve au moyen de remblais successifs a permis d’ériger différents bâtiments sur les terrains nouvellement lotis. La vocation portuaire et commerciale du secteur attire les commerçants, les banques et les compagnies d’assurance. C’est dans ce contexte que la Union Bank of Lower Canada s’implante sur cet emplacement de la rue Saint-Pierre dans un premier édifice de trois étages avec un toit mansardé. À la fin du 19e siècle, l’édifice est exhaussé de deux étages et le toit mansardé est remplacé par un toit plat couronné d’une corniche à modillons. L’édifice subit un incendie en 1924 et est reconstruit selon le modèle de 1897.
Avant les travaux, le sous-sol servait principalement de salle mécanique au bâtiment de la Union Bank qui abritait maintenant des bureaux et un restaurant au rez-de-chaussée. Le projet actuel souhaite faire de cet espace un centre de santé et de bien-être offrant un parcours thermal de luxe auxquels les voûtes historiques participeront à faire vivre un voyage tactile dans le temps.
Une quantité impressionnante d’artéfacts ont été trouvés depuis le début du chantier, des bouteilles, des clous, des ossements, des soucoupes, des contenants, des morceaux de verre et de vaisselles, des pipes, etc. Tout comme pour l’Auberge Saint-Antoine, ces artéfacts seront répertoriés, documentés, certains restaurés et exposés à même le bâtiment de la Union Bank en hommage aux quatre siècles d’histoire de la ville de Québec.