Près de trois ans après le début de la Covid-19, nous pouvons tous confirmer que cette pandémie a changé notre façon de voyager, de travailler, d’envisager notre quotidien, de soigner et de planifier les environnements de soins.
Au cours du dernier mois, j’ai pu assister au Healthcare Design Conférence, soit le colloque d’envergure de l’Architecture dans le domaine de la santé. Près de 100 conférences, tables rondes et ateliers permettent à plus de 4,000 professionnels de la santé, architectes et gestionnaires d’échanger sur les tendances émergentes et les leçons apprises des dernières années. À cet effet, la pandémie a permis de mettre en lumière plusieurs enjeux des aménagements hospitaliers en lien avec la prestation de soins et l’environnement guérissant souhaité.
À titre d’exemple, un patient à l’Unité de soins intensifs (USI), à qui le repos est essentiel à son rétablissement, est dérangé près de 50 fois dans une journée pour vérifier ses signes vitraux, sa médication et son état de santé notamment. Ainsi, la lumière artificielle pour prodiguer les soins, le bruit constant des équipements - dont le respirateur qui produit plus de décibel qu’une Harley Davidson - et la voix des professionnels.
Durant la pandémie, les professionnels devaient se vêtir et dévêtir en équipements de protection individuelle à chaque patient, une manœuvre d’environ 15-20 minutes à chaque visite, limitant bien entendu le temps-soins, sans compter la quantité phénoménale de déchets engendrée, tout ça pour ajuster les équipements (respirateur et soluté notamment). Solution assez simple : sortir ces équipements dans les corridors tout en préservant l’étanchéité des pressions et donc limiter la propagation des virus. Le patient est donc moins dérangé, sans toutefois mettre en risque sa santé et les professionnels peuvent prodiguer plus de temps-soins et aussi moins de déchets.
Les corridors n’ont toutefois pas été conçus pour tous ces équipements et ce bruit. Des alcôves insonorisées devraient donc être planifiées dans les prochains aménagements afin d’y installer ces équipements sans limiter les largeurs requises pour les déplacements des patients dans des corridors fonctionnels et en respect de la législation en vigueur et des besoins particuliers.
Souvenons-nous des changements apportés aux hôpitaux à la suite du SRAS et autres infections, éliminant ainsi les chambres multiples le plus possible des hôpitaux, mais aussi des centres d’hébergement. Au cours des dernières années, nous avons eu la possibilité de mettre en pratique ces apprentissages en planifiant les espaces, entres autres, de l’Hôpital de Verdun, selon les tendances émergentes et les leçons apprises de projets internationaux. Parions que de nouvelles leçons seront tirées de la pandémie actuelle et seront mises en application dans les programmes fonctionnels des prochains grands projets en santé.