​Savoir garder le cap : projets de transport et architecture

21 Aug 2021
Andrée Brunet
Stagiaire en architecture

Au cours des dernières années, STGM s'est forgé une expertise notable dans le domaine du transport, que ce soit en travaillant pour le métro de Montréal, le tramway de Québec, le Réseau express métropolitain (REM), l'aéroport de Montréal ou en partenariat avec la majorité des organismes de transport de la province. En tant qu'architecte, concevoir l'architecture d'un bâtiment en transport implique de concevoir des espaces publics intérieurs et extérieurs qui accueillent un haut achalandage. Ces projets de longue haleine sont d'une grande complexité et demandent une implication particulière de nos équipes pour bien mener à terme les mandats.

NATURE DU MANDAT

Dépendamment de l'état d'avancement du projet, la nature de notre implication peut être tout autre. En effet, pour ces projets d'envergure, il y a différentes étapes avec des acteurs sélectionnés pour mener à terme chacune de ces étapes. Par exemple, pour le projet du tramway à Québec en consortium avec la firme Daoust Lestage Lizotte Stecker, l'équipe a participé à l'élaboration du projet de référence. Cela veut dire qu'elle devait concevoir l'ensemble du réseau (station hors terre, station souterraine et terminus) sans s'avancer trop en détail dans l'exécution. En parallèle, l'équipe a aussi développé une charte de design très détaillée qui explique les grandes lignes de conception à respecter. Cette charte sera remise au consortium mandaté pour la construction du tramway et servira à assurer un langage commun pour le réseau.

Autre exemple, pour le Projet de prolongement de la ligne bleue (PLB) à Montréal, notre implication a débuté suite au projet de référence. Ainsi, contrairement à ce qui est coutume en architecture, le projet ne commençait pas sur une page blanche, car différentes composantes avaient déjà été réfléchi par l'équipe-maitre et le client. De plus, notre mandat implique la conception d'une seule station puisque la STM exige que chaque station résulte d'une conception architecturale unique et c'est d'ailleurs ce qui fait sa renommée à l'international. Au courant de la dernière année, STGM a relevé le défi de revoir de fond en comble le projet de référence afin de créer un nouveau concept architectural fort que nous avons ensuite développé jusqu'au stade des détails techniques et nous avons coordonné l'avancement du projet avec toutes les disciplines et toutes les instances impliquées.

LES TÂCHES DE L'ARCHITECTE

Afin de bien concevoir un projet de transport, il faut d'abord se familiariser avec l'univers singulier du transport pour s'assurer de répondre à toutes les exigences techniques et fonctionnelles du projet. Le rôle central de l'architecte est ensuite de coordonner l'intégration de toutes les autres disciplines (structure, électromécanique, énergie, géotechnique, civil, etc.), en plus de mener différents dossiers à différents comités. Par exemple, pour le métro, notre équipe travaille à temps plein au sein du bureau de projet de la STM avec plus de 350 intervenants ! L'organisation d'un organisme de la taille de la STM implique une panoplie de sous-comités ayant chacun sa spécialité, telle que l'accessibilité universelle, la vente et perception, la signalétique, l'éclairage, la ventilation, la fluidité, etc. Notre rôle est de rencontrer chacun de ces groupes pour mettre à l'épreuve notre conception et travailler main dans la main avec les experts pour développer la meilleure station possible. Cette coordination implique beaucoup d'aller-retour qui peuvent s'échelonner sur plusieurs mois, voire des années, ce qui nécessite un bon travail de mémoire, surtout lorsque de grands changements bousculent l'avancement du projet et qu'il faut revoir certains aspects depuis le début.

IMPLICATION POLITIQUE

De par la complexité de leur réalisation, l'ampleur de leur emprise, mais surtout par l'influence qu'ils ont sur l'aménagement urbain, les projets de transport sont des projets hautement politiques. Ainsi, qui dit projet politique, dit aussi projet imprévisible ! Ces projets sont toujours à risque puisqu'ils s'étalent parfois sur des décennies et exigent un investissement financier considérable de la part des gouvernements. Il faut donc pouvoir faire preuve de résilience, car, même après des années de travail, un projet en transport n'est jamais à l'abri de modifications, de rationalisations, de retarde majeure ou à l'extrême, d'une refonte complète. Par exemple, dans le cadre du projet du prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal, promis depuis plus de 3 décennies à la population de l'est de la ville, nous devons présentement faire face à un importante exercice de rationalisation, tel qu'annoncé il y a quelques semaines dans les médias. Néanmoins, notre équipe redouble d'ingéniosité afin de satisfaire les exigences fonctionnelles, tout en créant un lieu signifiant et fonctionnel qui deviendra un legs important au patrimoine de Montréal et à sa population, et ce tout en respectant les objectifs budgétaires!

En conclusion, les projets de transport sont des projets visionnaires qui ont une incidence énorme sur la construction de notre société. Il s'agit de projet réellement complexe de par leur nature technique et leur implication politiques, financières et temporelles. Néanmoins, il s'agit d'une manière très concrète pour nous, en tant qu'architectes, d'avoir un impact positif sur la vie des gens, mais surtout d'écrire l'histoire de demain.